Homélie du 1er Octobre 2009 Mgr Boulanger

 

 

 

     Chers Amis,

 


Ce soir nous sommes invités à prier avec la petite Thérèse. Ici à Alençon, ce sont ses racines terriennes que nous honorons. Les êtres humains ressemblent souvent à la terre qui les a vus naître et grandir. Thérèse est une authentique normande. Elle est bien de cette terre de Normandie comme Jésus était de Nazareth. Parce qu’elle est de la terre, elle a pu naître du ciel et ainsi elle est devenue universelle. Elle ne nous appartient plus et tant mieux ! Mais son message est de tous les temps pour deux raisons : Notre société connaît une crise du sens de l’amour humain comme notre Eglise connaît une crise du sens de l’amour divin. Qui ose dire à Jésus qu’il l’aime comme Thérèse a su le dire ? En cette année sacerdotale et  au moment où nous nous posons la question des vocations, il est bon d’écouter le message de Thérèse qu’elle a osé écrire un an avant sa mort quand elle a traversé la nuit de la foi. Il semble bien que beaucoup de chrétiens aujourd’hui connaissent aussi cette nuit.

 

«Ô Jésus mon Amour … ma vocation enfin je l’ai trouvée, ma vocation c’est l’Amour ! Oui, j’ai trouvé ma place, dans l’Église et cette place, ô mon Dieu c’est vous qui me l’avez donnée…dans le cœur de l’Eglise, ma Mère, je serai l’Amour… ainsi je serai tout … ainsi mon rêve sera réalisé ! » Thérèse a tout compris de la vocation. C’est bien par amour que l’on choisit de suivre Jésus.

Qui mieux que Thérèse a découvert la bonté du Pasteur ? « Ô Jésus, mon Bien-aimé ! Qui pourra dire avec quelle tendresse, quelle douceur, vous conduisez ma petite âme ? » Jésus connaît ses brebis mais est-il sûr que ses brebis le connaissent ? Il les appelle chacune par leur nom mais l’entendent-elles ? Ce n’est pas parce que Jésus les appelle qu’elles se précipitent. Elles sont occupées ailleurs. Elles regardent trop ce qu’elles ont à quitter pour oser le suivre. Et puis, trouveront-elles mieux que les promesses de notre société de consommation ? Tant qu’elles n’auront pas découvert le trésor qui se cache dans le champ, elles n’oseront rien vendre, de peur de tout rater. Thérèse a trouvé le trésor et elle a tout quitté. Elle a été comblée. Elle n’a jamais regretté de s’être livrée à l’Amour. « Depuis qu’il m’a été donné de comprendre l’amour du cœur de Jésus, je vous avoue qu’il a chassé de moi toute crainte ». Thérèse a fait de la religion, un amour. Rappelez-vous ses dernières paroles avant de mourir : « Mon Dieu, je vous aime ».

 

Trop de personnes, jeunes ou moins jeunes, ressemblent aujourd’hui au jeune homme riche de l’Évangile. Ils ne regardent que les biens matériels ou affectifs qu’il faut quitter pour suivre Jésus sans voir le regard d’amour qu’Il pose sur eux. Alors, ils s’en vont tout tristes de n’avoir osé répondre oui… Que leur manque t-il donc ? L’audace de la foi, tout simplement. Ils sont peut-être très pieux ou même très généreux mais il leur manque la confiance du petit enfant. Or, Thérèse s’est appelée, Thérèse de l’Enfant Jésus. C’est tout un programme.

 

En regardant Jésus enfant, elle pensait sans doute lui demander cette grâce de devenir comme les petits enfants. Tout à la fin de sa vie, elle ose écrire : « Je voudrais aussi trouver un ascenseur pour m’élever jusqu’à Jésus, car je suis trop petite pour monter le rude escalier de la perfection ». Elle se souvient sûrement de l’escalier de la maison natale à Alençon. Elle continue en écrivant : « Alors, j’ai recherché dans les livres saints l’indication de l’ascenseur, objet de mon désir, et j’ai lu ces mots sortis de la bouche de la Sagesse éternelle : « Si quelqu’un est tout petit, qu’il vienne à moi » (Prov. 9,4)... l’ascenseur qui doit m’élever jusqu’au ciel, ce sont vos bras, ô Jésus ».

 

Au moment où l’Église de France  se pose la question de l’appel à une vocation surtout sacerdotale, il nous est demandé comme Thérèse d’avoir l’audace de la confiance et de la foi. Elle nous invite à l’abandon qui est le contraire de la démission. Elle prie pour que nous osions nous abandonner entre les mains du Père, comme Jésus sur la croix. Rappelons-nous que c’est au pied de la croix que l’Église est née.

Prions Sainte Thérèse.

 Et surtout ne désespérons pas de Dieu ni de notre époque.                                                                        
 + Jean-Claude BOULANGER

    Évêque de Séez

 

 

 

 

 

 

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